Sortir Anthony Fletcher du couloir de la mort

Sortir Anthony Fletcher du couloir de la mort

Innocents

Les cas de personnes accusées à tord et finalement relachées.

 


Quelques cas / Somes cases

James Bain, un noir américain qui était incarcéré en Floride pour viol depuis 35 ans, vient d'être innocenté grâce à une analyse ADN. En sortant de prison jeudi, il a téléphoné pour la première fois avec un portable, appelant sa mère de 77 ans pour lui dire qu'il venait d'être innocenté d'un crime qu'il n'a pas commis.

En 1974, James Bain avait été condamné à la prison à vie pour l'enlèvement et le viol d'un garçon de neuf ans. Les scientifiques ne disposaient pas à l'époque des tests ADN qu'ont utilisés des experts récemment pour déterminer qu'il ne pouvait pas être le violeur.

James Bain, 54 ans, avait toujours nié être l'auteur du viol, et ses demandes répétées d'analyses ADN avaient été rejetées jusqu'à ce que l'"Innocence Project of Florida" s'intéresse à son cas l'an dernier et permette que des tests soient effectués.

"Je ne suis pas en colère, parce que j'ai Dieu", a-t-il déclaré en sortant de prison, en portant un tee-shirt sur lequel on pouvait lire: "non coupable".

Selon l'"Innocence Project", parmi les 247 prisonniers qui ont été innocentés aux Etats-Unis grâce à des analyses ADN, James Bain est celui qui a passé le plus de temps en prison.

L'an dernier, la Floride a voté une loi qui accorde automatiquement aux anciens prisonniers innocentés 50.000 dollars pour chaque année passée en prison.

Source : Yahoo actualités

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Témoignage : Joaquin Jose Martinez

« Être innocent ne suffit pas »


Publié dans La Nouvelle Vie Ouvrière (NVO) du 28 août 2009
Interview réalisée par DEE BROOKS


Chaque année, avant la fête nationale américaine, a lieu à Paris le « Die-in contre la peine de mort aux Etats-Unis », organisé à par Amnesty France et l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture ( avec le soutien et la participation du Collectif Mumia Abu-Jamal - NDLR ). L'occasion de rencontrer Joaquin Jose Martinez* libéré en 2001 après trois ans passés dans le couloir de la mort.

NVO - Dans quelles circonstances avez-vous été condamné à mort ?
Je suis citoyen espagnol, mais j'habitais aux Etats-Unis, où j'ai vécu le « rêve américain » jusqu'à l'âge de 24 ans. Je m'étais marié à 19 ans, j'avais deux filles et je travaillais en Floride pour une banque espagnole. J'avais un bon niveau de vie, une maison, une famille, tout le contraire des personnes qui généralement se retrouvent dans les couloirs de la mort aux USA ». Tout à commencé par mon divorce dans le cadre duquel mon ex-femme a obtenu la garde de nos deux filles et moi un droit de visite. Un jour, alors que je sortais de la maison de mon ex-épouse, après une visite à mes filles, des policiers m'arrêtent. Je me suis retrouvé accusé d'un double meurtre particulièrement brutal : Celui d'un jeune homme, fils d'un policier de haut rang et de sa compagne. J'apprends alors que mon ex-femme a déclaré que je lui avais confessé le double meurtre et qu'elle avait enregistré cette confession. 
Bien que ni les empreintes, ni les tests ADN, ne correspondent aux miennes, je suis accusé le 28 janvier 1996, incarcéré, victime de la vengeance de ma femme. La pseudo confession, une bande totalement inaudible est transformée en une transcription écrite de confession du crime par le procureur et mon ex-femme... Lorsque tout a basculé, je me suis retrouvé avec un défenseur commis d'office dont tous les clients précédents avaient été condamnés à mort. Avant même que j'ai pu exposer ma défense, il m'a donné un ouvrage intitulé « Comment survivre dans le couloir de la mort » ! Ma condamnation à mort a été l'aboutissement d'un véritable traquenard.

NVO - Comment avez-vous pu être innocenté ?

Il m'a fallu 18 mois pour pouvoir me débarrasser de ce « défenseur » et l'on m'a affirmé qu'il me fallait deux avocats et environ un demi-million de dollars pour prouver mon innocence. J'étais dans le couloir de la mort à Tampa et grâce à l'appui de mes parents, des médias, notamment en Espagne où j'ai recueilli un grand soutien moral et financier, une équipe de 14 personnes a pu travailler sur mon dossier. Les tests ADN ont à nouveau été négatifs, deux experts en procédure ont participé, plus de 200 personnes ont été sélectionnées pour parvenir à réunir un jury équilibré et il y a même eu trois « répétitions » de procès. Mais tout cela m'a fait comprendre l'injustice du système judiciaire américain et qu'être innocent n'est pas suffisant pour éviter la prison… Tout repose sur l'ignorance et l'argent, et les personnes prises dans ce système sont généralement des victimes culturelles.

NVO - Vous avez été libéré à l'issue d'un second procès. Tout le monde n'a pas cette chance …

Oui, et j'en ai vu bien des cas, comme Tookie Williams, exécuté en 2003 après avoir pourtant mené en prison une réhabilitation exemplaire. Je pense aussi à Troy Davis qui a failli être exécuté trois fois et bien sûr à Mumia Abu-Jamal dans le couloir de la mort depuis 28 ans, victime d'une procédure truquée mais qui ne se laisse pas réduire au silence …Mais aux USA, les juges sont élus, comme des hommes politique et c'est ainsi que le système fonctionne. Si vous ne vous déclarez pas en faveur de la peine de mort, vous avez fort peu de chance d'être élu. En outre, on n'éduque pas les gens à faire la différence entre vengeance et justice. Autour de tout cela il y a une réelle industrie de la mort, un système pénitentiaire réellement pensé en termes de profit avec des établissements qui parfois sont les plus gros pourvoyeurs d'emplois d'une ville ou d'un comté … Alors si vous êtes issu d'une minorité, d'une famille désunie et sans ressource, comment s'en sortir ? Nous avons aussi ce honteux marchandage, le « plaider-coupable » ou l'on vous propose, si vous n'avez pas les moyens de prouver votre innocence, de plaider coupable afin de pouvoir éventuellement voir votre peine réduite… un marchandage odieux ! ( en France la « comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité » a été introduit en 2004 par la loi Perben – NDLR ).

NVO - Votre vision de la peine de mort a-t-elle radicalement changé ?
Avant que tout cela n'arrive, j'étais un citoyen moyen, favorable à la peine de mort et j'avais même une arme détenue légalement avec un permis, tout simplement parce qu'on vous fait croire que c'est nécessaire à la prévention de la criminalité. J'évoluais dans le monde de l'entreprise, et j'étais presque obligé de dire que j'étais pour la peine de mort - même si je n'en étais pas convaincu - simplement parce que c'est une question qui déchaîne les passions. Aujourd'hui, j'ai compris ce que cela signifie et je milite pour faire comprendre que ce système basé sur la peur, la possession d'armes et la peine capitale, alimente une industrie de mort. Je me bats pour son abolition et je témoigne pour que les gens soient moins ignorants et parce que je ne veux pas que mes filles soient exposées à cette manière de penser.


(*) Biographie - Joaquin Jose Martinez est né le 2 décembre 1971 à Guayaquil, Équateur. A cinq ans il déménage avec ses parents pour l'Espagne pour commencer une nouvelle vie et connaître sa famille paternelle. En 1989 Joaquin et ses parents se rendent en Floride pour se rapprocher de la branche maternelle de la famille. C'est là que Joaquin se marie et aussi là où il sera accusé de meurtre en janvier 1996 à la suite de faux témoignages et manipulation de preuves. Depuis sa libération, à l'issue d'un second procès en juin 2001, il voyage dans toute l'Europe pour militer contre la peine de mort.

source : http://www.abolition.fr/ecpm/french/article.php?art=668

http://www.joaquinjosemartinez.com/

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Shujaa Graham, survivant du "couloir de la mort"

 

Shujaa Graham s'en est sorti. A 58 ans, cet homme au corps et a la parole noues par l'émotion a passe douze ans de sa vie derrière les barreaux, dont trois dans le "couloir de la mort", avant de voir son jugement révise au dernier moment en 1977 : trois années d'isolement

dans les quartiers de haute sécurité du centre pénitencier californien de San Quentin pour avoir été accuse à tort, en 1973, du meurtre d'un gardien de prison. Une affaire retentissante sur fond de tensions raciales qui a épuise un nombre impressionnant de recours et nécessite la mobilisation des défenseurs des droits civiques associés alors au mouvement afro-américain Black Panthers, duquel Shujaa Graham s'était rapproche.

"Lorsque la Cour suprême a autorisé, en 1976, la reprise des exécutions après quatre années d'interdiction, j'étais le premier sur la liste",

glisse-t-il avec un filet de voix. Installe avec sa femme et ses trois enfants a Washington, il dit n'avoir rien oublie. Impossible d'effacer pareilles séquelles : "J'ai été torturé", dit-il.

Trente ans après sa détention, il affirme se réveiller toutes les nuits en pleurs, avec cette impression tenace "d'être encerclé, comme piégé".

Encore aujourd'hui, il lui arrive de réduire l'espace autour de lui en rapprochant certains meubles et quelques affaires de son lit, comme si tout devait être à porté de main, ordonne et range dans une proximité immédiate, comme dans une cellule.

"MON PASSÉ NE PASSE PAS"

Shujaa Graham dit être aide. Entoure surtout. Avec 25 anciens détenus rescapes, comme lui, des "couloirs de la mort", il forme un groupe appelé Witness to Innocence (Temoin en faveur de l'innocence). Ensemble, ils se réunissent pour manifester contre la peine capitale, qui reste légale dans 38 Etats sur 50.

En 2007, il s'est déplace à Austin, capitale du Texas, pour participer, aux cotes d'associations comme Campaign to End the Death Penalty (CEDP, Campagne pour la fin de la peine de mort), a un meeting de soutien aux condamnes a mort dans cet Etat, le premier du pays pour le nombre des exécutions. "Je sais ce que c'est que d'être seul, souligne-t-il. Chaque soutien est important, une lettre, un message, ne serait ce qu'un signe. C'est la seule chose qui vous permette de rester sain d'esprit lorsque l'on subit l'isolement."

A plusieurs reprises, Shujaa Graham a entrepris des démarches auprès des autorités pénitentiaires texanes pour rendre visite à des détenus de Polunsky Unit, a Livingston, la prison des condamnes à mort. En vain. "Mon passé ne passe pas", lache-t-il, avant d'ajouter : "J'en suis sorti... mais je continue d'être cet ancien condamné à mort, ce survivant d'un système qu'il faut changer."

 

Source : Nicolas Bourcier, Le Monde, 19.04.08

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2008/04/18/shujaa-graham-survivant-du-couloir-de-lamort_1035635_3222.html#ens_id=1035623


25/04/2010
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Liens / links

Center on wrongful convictions : ICI / HERE

Witness to innocence : ICI / HERE


25/04/2010
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